La rivière Allier est un hydrosystème complexe variable dans l'espace et le temps avec pour principal moteur la dynamique fluviale. Malmené ces 50 dernières années par une gestion simpliste et non concertée liée en partie à des usages non adaptés, l'Allier souffre actuellement de dysfonctionnements importants. Heureusement, sa dynamique fluviale lui confère encore des capacités propres de restauration, mais à condition que l'on fasse évoluer sa gestion vers plus de cohérence, de globalité et de concertation.
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La nécessité de préserver la dynamique fluviale de l'Allier et d'éviter des aménagements irréversibles a été mise en évidence dès les années 1980 par les acteurs associatifs locaux (publication Rivière Allier, N° spécial Nature Vivante, SEPNMC-FRANE, 1982), mais la prise de conscience générale est beaucoup plus récente (années 1995) et encore loin d'être unanime. Si les actions telles que celles du programme Loire nature permettent d'atteindre ces objectifs au niveau ponctuel et de mettre en place des actions exemplaires et démonstratives, il reste encore beaucoup à faire pour extrapoler celles-ci à l'ensemble du cours de l'Allier. Le Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) animé par l'Agence de l'Eau Loire-Bretagne valide ces objectifs, mais sa déclinaison locale (les SAGE) n'est pas encore aboutie.
UN CONCEPT DE GESTION DE LA PLAINE ALLUVIALE : L'ESPACE DE LIBERTE L’espace de liberté, également appelé espace de mobilité, est la zone à préserver pour permettre au cours d’eau de conserver son potentiel de divagation ainsi que le fonctionnement optimal des écosystèmes. Concrètement, il s’agit de l’espace potentiellement érodable dans le respect des contraintes humaines d’intérêt général. Ses limites sont donc définies sur des bases géomorphologiques, écologiques et socio-économiques. A l’intérieur de cet espace, il s'agit de ne pas faire obstacle à la divagation de la rivière. Cela nécessite des mesures d'indemnisation pour les propriétaires de terrains soumis à érosion. Des travaux de restauration de la dynamique pourraient être réalisés comme par exemple la suppression d'enrochements. Les captages d'eau potable devraient dans certains cas utiliser des puits légers pouvant être déplacés avec l’érosion. L'espace de liberté encourage également une occupation raisonnée des sols, comme par exemple le pâturage extensif, compatible avec le risque érosion et la préservation de la ressource en eau et de l'intérêt écologique. Sur l’Allier, l'espace de liberté a été défini depuis Brioude jusqu'en aval de Moulins (DIREN Auvergne, EPTEAU, 1998). Sa largeur varie de quelques centaines de mètres, jusqu’à 2 km dans les secteurs les plus dynamiques, pour une superficie globale de près de 15 000 ha. Il reste maintenant à mettre en place les outils et moyens nécessaires à sa mise en œuvre. La loi de juillet 2003 sur les risques naturels et technologiques reprend pour la 1ère fois dans un texte réglementaire le concept d'espace de liberté des cours d'eau.
UNE PRESERVATION RENFORCEE AU SEIN DES PERIMETRES DE PROTECTION DE CAPTAGES Rendus obligatoires par la Loi, les périmètres de protection organisent l'occupation du sol autour des captages d'eau potable afin de limiter les risques de pollution. Les périmètres de protection immédiate, quelques dizaines de mètres autour des puits, doivent être acquis, clos et enherbés. Les périmètres de protection rapprochée, la zone d'appel du captage sur plusieurs hectares jusqu'à quelques centaines d'hectares, réglementent les usages en interdisant les activités polluantes. Les périmètres de protection éloignée, correspondant à la zone d'alimentation du captage, interdisent les activités et aménagements à risque important de pollution. Ce dernier type de périmètre ne peut être appliqué au sens exact pour les captages en nappe alluviale de l'Allier, car la zone réelle d'alimentation de celle-ci correspond à tout le bassin versant en amont du captage. L'outil S.A.G.E. est alors plus adapté. Bien qu'obligatoires, tous les captages du Val d'Allier ne sont pas encore dotés de périmètres de protection. De plus, au-delà des mesures réglementaires, une gestion volontariste est nécessaire sur les périmètres de protection afin d'améliorer la protection de la ressource par une gestion adaptée des milieux, et d'encourager les bonnes pratiques.
Schéma d'organisation de l'espace de liberté (CEPA)
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